Voici l’intégralité du discours tenu par le Vice-premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères de la RDC devant le corps diplomatique accrédité près la République Démocratique du Congo, le jeudi 05 mai 2022.

Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique,

Au-delà des exigences de bienséance et des convenances diplomatiques, je voudrais sincèrement vous remercier pour votre disponibilité et votre réponse prompte à mon invitation d’il y a à peine quelques heures. Je vous présente toutes mes excuses de vous avoir pris ainsi de court. L’importance du sujet et l’intérêt que le Président de la République, Son Excellence, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, attache au partenariat avec les pays et les organisations internationales que vous représentez dans le redressement de notre pays, nous l’exigent.

Comme vous le savez, la République Démocratique du Congo a adhéré, le 08 avril dernier, à la Communauté de l’Afrique de l’Est, CAE.

Cette adhésion est la suite logique de l’engagement pris par le Chef de l’État dès son investiture à la magistrature suprême de faire intégrer formellement la RDC dans cette importante communauté sous-régionale à laquelle elle appartient naturellement de par la géographie, l’histoire, les liens consanguins, culturels et commerciaux intenses entre les Peuples des pays membres, liens qui forgent leur destin commun depuis des siècles, comme l’a si bien rappelé le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo dans son discours d’ouverture de la 12ième Conférence diplomatique, le 28 février dernier.

L’intégration de la RDC à la Communauté de l’Afrique de l’Est, faut-il encore le rappeler, obéit aussi à sa vocation africaine inscrite à l’article 217 de sa Constitution.

Elle procède d’une approche stratégique de développement national impliquant la mutualisation des atouts économiques, le partage des marchés, la fluidité et la maîtrise des mouvements des personnes, des biens et des capitaux entre la RDC et ses voisins, la réalisation des projets intégrateurs et la lutte commune contre l’insécurité, le terrorisme et la déstabilisation dans la Sous-région.

La RDC remercie les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est qui ont contribué à cette intégration. Je saisis cette opportunité pour réaffirmer, au nom du Chef de l’État et du gouvernement de la République l’engagement de la RDC d’honorer ses obligations dans le cadre du Traité de la Communauté et d’œuvrer toujours pour la promotion de ses valeurs et la réalisation de ses objectifs.

Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique,

La RDC faisant, ainsi, désormais partie de la Communauté de l’Afrique de l’Est, le Président en exercice de celle-ci, Son Excellence UHURU KENYATTA du Kenya a pris l’initiative de réunir à Nairobi, les Chefs d’État de l’Ouganda, du Rwanda et le nôtre, rejoints par celui du Burundi, le 21 avril dernier, afin d’examiner la situation sécuritaire à l’Est de la RDC et dans ses pays voisins.

A l’issue de leur deuxième conclave du 21 avril, les 5 Chefs d’État ont convenu, en conformité avec les articles 5, 6 et 24 du Traité de la Communauté de l’Afrique de l’Est, d’un plan de résolution de la crise sécuritaire à l’Est de la RDC et dans la Région. Ils ont lancé un appel à leurs homologues des États membres à se joindre à eux et admis le principe de l’implication, à ce stade des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union Africaine, les Nations Unies, la CAE et la CIRGL comme observateurs, au processus de Nairobi en cours.

Ce processus repose pour le moment sur deux volets, à savoir :

  1. La perspective politique consistant pour le Président Tshisekedi à tendre la main aux groupes armés locaux notamment par des consultations sur la paix et la sécurité dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ceux de ces groupes qui n’auront pas saisi cette main tendue, seront combattus comme forces négatives. Le volet politique est conduit sous le leadership du Président UHURU KENYATTA
  2. L’option militaire par l’usage de la force armée contre les récalcitrants nationaux et étrangers qui n’auront pas répondu favorablement à l’appel semblable de leurs dirigeants respectifs. Pour ce faire, il a été décidé d’accélérer la mise en place d’une Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est afin d’aider à contrôler et, si nécessaire à combattre les forces négatives. Le volet militaire est sous leadership du Président Félix Antoine Tshisekedi.

Pour le moment, volet politique a connu quelques avancées avec l’organisation des premières consultations qui ont réuni à Nairobi, du 23 au 27 avril, les délégués de 23 groupes armés locaux et un groupe d’experts de la présidence de la République, en présence des observateurs de la CAE, de la CIRGL, de l’UA, des Nations Unies et de la France.

Les groupes armés ont accepté la main tendue du Chef de l’État et manifesté de l’empressement à voir le processus P-DDRCS. Ils ont regretté que le processus commencé en 2019 n’ai pas connu un suivi comme convenu et demandé que celui qui commence à Nairobi avec le Président Félix-Antoine Tshisekedi soit différent des initiatives précédentes afin de leur permettre de déposer effectivement les armes et de rejoindre la vie normale dans leur pays.

Les Chefs d’État des pays membres de la Communauté se réuniront en Sommet extraordinaire, avant la fin de ce mois de mai pour évaluer la mise en œuvre des décisions du deuxième conclave et prendre les initiatives appropriées afin de mettre fin rapidement à la crise sécuritaire dans la Région.

Dans l’entretemps, les contacts sont en cours en vue de poursuivre les consultations avec les autres groupes armés qui n’ont pas pu joindre Nairobi pour la fois dernières. Ces consultations devront impérativement se tenir avant le Sommet extraordinaire programmé.

Par ailleurs, le Secrétariat chargé de superviser l’application des résolutions issues du deuxième conclave est en train d’être constitué avec l’appui du Secrétaire Général de l’ONU et du Président de la Commission de l’UA.

C’est ici le lieu de remercier la MONUSCO pour son appui logistique au processus de Nairobi et à l’installation du Secrétariat sus indiqué. Il est évident qu’à ce stade, le volet militaire s’organise tout en veillant de ne pas gêner le processus politique.

En définitive, sans naïveté, ni faiblesse quelconque ni, optimisme béat, la RDC et son Président continuent à penser qu’une solution rapide et moins coûteuse en vies humaines et en ressources matérielles à la crise sécuritaire à l’Est est la meilleure et possible. Aucun effort ne sera ménagé à cette fin. La main du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, reste tendue.

Cependant, la vie des Congolais, l’intégrité du territoire national congolais, l’indépendance nationale et la stabilité des institutions de la République n’ont pas de prix et ne peuvent se négocier éternellement.

C’est pourquoi, le Chef de l’État m’a chargé de réitérer solennellement son appel à nos compatriotes qui ont pris les armes de les déposer et de revenir dans les rangs de la Nation dont nous avons tous le devoir sacré de construire l’avenir.

La patience a toujours des limites infranchissables. Il est absurde de se réclamer de la citoyenneté congolaise et de continuer en même temps à massacrer ses concitoyens et à détruire la RDC.

À la communauté internationale, plus particulièrement aux Nations Unies, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, UE, à la CIRGL, à la CEEAC, à la SADC et aux partenaires bilatéraux de notre pays, nous demandons de soutenir activement la nouvelle perspective de paix proposée par la Communauté de l’Afrique de l’Est. La crise sécuritaire dans la région, à laquelle se greffe déjà le terrorisme international, est à la fois une pesanteur qui plombe le développement d’une partie importante de l’Afrique et une menace permanente pour la paix et la sécurité internationale.

Je vous remercie

Le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères

Christophe LUTUNDULA APALA Pen’APALA