Pour Kinshasa, c’était une exigence non négociable : le respect de sa souveraineté. Une ligne rouge claire, sur laquelle aucun compromis n’était possible. Le 27 juin 2025, à Washington, cette exigence a été pleinement satisfaite dans le cadre de l’Accord signé avec le Rwanda.
Présenté par de nombreux experts comme une avancée stratégique majeure pour le respect de l’intégrité territoriale de la RDC et de sa souveraineté ainsi que pour la stabilité régionale, cet Accord repose sur un premier pilier fondamental : la sécurité. Il aborde en priorité le retrait des forces étrangères illégalement présentes sur le sol congolais, en particulier les Forces de défense rwandaises (RDF) et le désarmement des groupes armés dont les supplétifs des RDF, le groupe armé M23.
« La préservation de notre intégrité territoriale et la défense des intérêts de notre population ont toujours été notre priorité. Cet Accord nous en donne les garanties. Il marque une avancée stratégique majeure pour la restauration de l’autorité de l’État et la consolidation durable de la paix dans l’Est du pays », a déclaré la Ministre d’État, Ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner.
Ainsi donc, l’Accord de Washington consacre, à l’article 2, le caractère obligatoire, ordonné et vérifiable du retrait total des troupes rwandaises et de leurs supplétifs, y compris le M23, dans un délai maximum de 90 jours à compter de la date de sa signature.
Ce retrait repose sur un fondement technique et opérationnel unique : le CONOPS (Concept of Operations faisant partie intégrante de l’accord au titre d’annexe), validé le 31 octobre 2024 à Luanda. Ce document représente à ce jour la seule base convenue, reconnue et opposable pour l’organisation séquencée du retrait des forces étrangères. Il ne peut être contourné ni modifié unilatéralement.
« Il ne s’agit pas d’un engagement moral ou politique, mais d’une obligation exécutoire inscrite dans un plan conjointement validé par les parties. Le CONOPS n’est pas une option, c’est le canevas impératif du désengagement », a souligné la Ministre d’État Thérèse Kayikwamba Wagner.
L’Accord distingue également, de manière explicite, la question du retrait des troupes rwandaises de celle du traitement de la menace résiduelle que représentent les FDLR, pour laquelle une coordination régionale équilibrée et structurée est prévue. Aucune ambiguïté ne peut être tolérée : le retrait rwandais est une exigence indépendante, qui ne saurait être conditionnée ni diluée dans d’autres dynamiques sécuritaires.
Trois piliers d’application du retrait sécurisé
Le Bloc 1 s’appuie sur trois piliers concrets :
- Interdiction de toute agression entre les deux États ou de soutien militaire à des groupes armées hostiles à l’autre Etat (article 1.iv et v) ;
- Application intégrale du CONOPS comme document de référence pour le retrait ordonné des forces rwandaises et la neutralisation FDLR ;
- Mise en place du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM), garant de la transparence et de la surveillance indépendante du processus.
Le Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM), qui deviendra opérationnel sous 30 jours, est un organe paritaire RDC-Rwanda, avec participation permanente des États-Unis et du Qatar en tant qu’observateurs neutres. Il est chargé d’identifier et documenter la présence des groupes armés et forces étrangères non invitées, de vérifier leur retrait effectif ou leur neutralisation ainsi que de produire des rapports conjoints, partagés avec les autorités nationales et les partenaires internationaux.
Ce mécanisme agit également à titre préventif, en assurant la surveillance continue des mouvements militaires, l’échange de renseignements en temps réel et la coordination rapide en cas de menace.
Un Comité conjoint de surveillance (RDC, Rwanda, États-Unis, Qatar, Union africaine) est institué pour arbitrer tout différend et proposer des mesures correctives si nécessaire.
Désarmement : priorité à la justice
Le processus de désarmement s’inscrit dans le cadre du Programme national P-DDRCS (Programme de désarmement, démobilisation relèvement communautaire et stabilisation, avec des règles strictes. Toute réintégration d’ex-combattants sera individualisée et soumise à une évaluation rigoureuse. Les auteurs de crimes imprescriptibles (crimes de guerre ou autres violations graves du droit international humanitaire) en seront exclus sans exception.
« La République ne négociera plus jamais avec les armes ni avec l’impunité. Ceux qui ont pris les armes contre l’État n’y trouveront ni refuge, ni promotion », a affirmé avec fermeté la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner.
L’engagement pris par la RDC et le Rwanda est désormais intégré au droit international, notamment via la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies (février 2025), qui en fait une base juridique pour les opérations régionales de stabilisation.
Il va sans dire que cet Accord est l’instrument diplomatique et stratégique pour la restauration de l’autorité de l’Etat dans la partie sous occupation et du respect de la souveraineté nationale.