Lors de son intervention, ce mercredi 16 avril 2025 au Conseil de securite à New York, la Ministre d’État, Ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dressé un tableau sans concession de la situation sécuritaire dans l’est du pays, dénonçant l’inaction face à la persistance des violations par le M23 et les Forces rwandaises de défense (RDF), en dépit de l’adoption de la résolution 2773.

« Depuis l’adoption de la résolution 2773, 54 jours se sont écoulés, marqués par l’attente, l’inertie et la poursuite des violences. Sur le terrain, rien n’a changé. »

La Ministre a rappelé que les aéroports de Goma et Bukavu restent sous le contrôle du M23 et des RDF, tandis que les populations civiles endurent une multiplication des exécutions sommaires, enrôlements forcés, enlèvements et atteintes graves aux droits humains.

Elle a également lancé un appel solennel à la communauté internationale :

« L’urgence humanitaire en République démocratique du Congo ne peut plus attendre. Il en va de notre devoir moral, mais aussi de la stabilité régionale. »

Face à ce qu’elle qualifie de violation ouverte de la résolution onusienne, elle a insisté sur la nécessité de mesures concrètes et de mécanismes de vérification renforcés, notamment à travers un mandat étendu pour la MONUSCO et une collaboration étroite avec le groupe d’experts des Nations unies.

« Une décision du Conseil ne peut rester sans suite, en particulier lorsqu’elle est ouvertement violée par un État qui contribue pourtant aux opérations de maintien de la paix. »

Vers des sanctions ciblées et une pression diplomatique accrue

La Ministre d’État a salué les premières sanctions imposées à l’encontre du Rwanda et du M23, tout en appelant le Conseil de sécurité à aller plus loin :

« Les sanctions ciblées et la pression politique fonctionnent. Elles modifient les rapports de force, réduisent les soutiens extérieurs et favorisent les ajustements de posture. »

La Cheffe de la diplomatie congolaise a exigé des mesures claires :

  • Sanctionner la chaîne de commandement des RDF et les décideurs politiques impliqués,
  • Révoquer le statut du Rwanda comme pays contributeur de troupes,
  • Imposer un embargo sur les minéraux issus de l’exploitation illégale en RDC,
  • Mettre en place un régime de notification sur les transferts d’armes vers le Rwanda.

 Un rappel historique fort : « Sans hiérarchiser les douleurs »

Thérèse Kayikwamba Wagner a placé son propos dans une perspective mémorielle. En ce mois d’avril, elle a évoqué le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994, tout en rappelant que les décisions internationales prises dans l’urgence avaient également semé les graines d’un conflit prolongé en RDC.

« Depuis 30 ans, l’Est de la RDC subit les répliques de cette horreur initiale. Il a absorbé, seul, le choc d’une instabilité régionale née de la fuite des génocidaires. »